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06/11/2007

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L'épuisement des réserves de pétrole Influencera considérablement nos vies

L'épuisement des réserves de pétrole
Influencera considérablement nos vies

On a tous tendance à penser aux conséquences pour nos déplacements, mais le retraitement du pétrole brut génère également des produits dérivés qui viendront fatalement à manquer lorsque les dernières gouttes d'or noir sortiront des entrailles de la planète.

Transport

L'essence et le diesel que l'on met dans le réservoir de son véhicule sont probablement les premières choses qui viennent à l'esprit quand on pense à l'utilisation du pétrole. Étant donné sa nature liquide et son rapport masse/énergie avantageux, rien ne peut remplacer facilement le pétrole pour cet usage.

Les automobiles pourraient être adaptées pour rouler à l'électricité avec une forme de stockage mécanique (l'air comprimé), chimique (l'hydrogène) ou électronique (les batteries au plomb ou au lithium).

Le rendement énergétique serait cependant moins bon qu'avec le pétrole. Electrifier tout le parc automobile français signifierait qu'il faudrait multiplier par deux ou trois le nombre de centrales nucléaires dans notre pays.

Une autre solution souvent avancée consisterait à utiliser les agro-carburants (huile végétale brute ou pure en particulier), mais il se pose alors un problème de concurrence d'usage des sols. Les terres cultivables sont loin d'être une ressource renouvelable à l'heure de la désertification, de l'érosion et de la progression de la ville sur la campagne.

En France on pourrait au maximum arriver à alimenter 5 à 10% du parc de véhicules automobiles avec des carburants "verts".

Que ce soit pour l'électricité ou les agro-carburants, le diable est dans les ordres de grandeurs. Il n'existe pas de solution facile de rechange à la raréfaction programmée du pétrole pour notre mode de déplacement individuel qu'est la voiture. Seul le vélo efficace représente une alternative à la voiture en ce qui concerne les déplacements individuels.

Qu'en est-il des transports collectifs ? et du transport des marchandises ?

La circulation des personnes sur de grandes distances peut être dans une certaine mesure remplacée par les transports en commun comme le tramway et le train électrique (à condition de s'assurer que l'électricité n'est pas produite à partir de combustibles fossiles). La circulation des marchandises est plus problématique car la majorité des entreprises sont situées loin des axes ferroviaires et ont préféré se rapprocher des rocades et des autoroutes pour les camions. Il faut cependant espérer que le ferroutage soit une bonne manière de réaliser une transition douce dans le transport des marchandises.

Les bateaux (cargo, ferry...) pourraient réduire leur consommation d'énergie avec l'utilisation de voiles modernes à axe vertical. Ils seraient plus lent mais les marchandises et les passagers arriveraient à destination, à la vitesse des dauphins... Il serait possible de construire des bateaux à propulsion nucléaire, avec les réacteurs des sous-marins atomique, pour les liaisons rapides trans-océaniques. Cela fait aussi partie du futur possible.

Le plus grand problème concerne les avions qui ne peuvent pas utiliser des énergies alternatives comme l'électricité. En raison de leur consommation excessive et du peu de taxes qui touchent les carburéacteurs, ils seront les premiers à en souffrir. Et à moins de développer une hypothétique aviation brûlant de l'hydrogène, il faudra bien se rendre à l'évidence : l'aviation de masse n'aura duré que 50 ans.

Production d'électricité

Environ 42% de l'énergie primaire (pétrole, gaz naturel et charbon) est utilisée pour produire de l'électricité; et si le pétrole représente le sang de la société, l'électricité en représente l'oxygène. Comme nous l'avons vu lors de la gigantesque panne du mois d'août 2003 au Nord-est des Etats-Unis et au Canada, quelques jours sans électricités et nous sommes forcés de nous arrêter. Bien que d'autres moyens de produire de l'électricité existent, ils ne représentent actuellement qu'un faible pourcentage des sources d'électricité, les trois quarts provenant du charbon (50%), du gaz naturel et du pétrole.

Les autres sources d'électricité sont les barrages hydroélectriques qui sont dépendants de la disponibilité de l'eau, et le nucléaire qui dépend des réserves de combustibles fissibles. Il y aussi d'autres énergies renouvelables (solaire, géothermie, éolien...), mais elles ne sont pas encore suffisamment développées. Il aurait fallu dépenser plus d'argent pour la recherche dans les années 1970 et 1980. Maintenant nous sommes au pied du mur.

Agriculture

Un des plus gros consommateurs de pétrole, – mais nous n'en sommes que peu conscients – , est l'agriculture, et pas uniquement pour alimenter les tracteurs et moissonneuses-batteuses.

Les engrais et herbicides sont tous produits à partir de gaz et de pétrole, et les agriculteurs utilisent des aliments pour les animaux qui proviennent du monde entier et ont donc transité sur des bateaux dépendants du pétrole.

Les plantes ont besoin de trois éléments pour pouvoir pousser : l'azote, le phosphore et le potassium. L'azote absorbé par les racines de la plante intervient dans la production de protéines. Le phosphore stimule le développement des racines et le mûrissement de la plante, tandis que le potassium est essentiel à la photosynthèse.

La production d'engrais azotés représente maintenant une part importante de l'industrie chimique. La fixation de l'azote à l'ammoniac occupe le deuxième rang dans la production chimique mondiale, après l'acide sulfurique, dont le volume se justifie uniquement par le rôle clé qu'il joue lui aussi dans la fabrication d'engrais.

L'exemple de la Corée du Nord nous montre ce que devient l'agriculture quand on supprime les produits pétroliers. Après la guerre. la Corée a développé une agriculture moderne, mécanisée et basée sur les engrais pétrochimiques. Avec la chute de l'Union Soviétique, l'aide des Communistes s'arrêta et le pays ne fut plus capable d'acheter ni du pétrole, ni d'autres fournitures.

Sans pétrole, les machines agricoles restaient au repos (80% de leurs capacités en 1998) et une large portion de la population a dû retourner aux champs. Malheureusement, le sol a été érodé et vidé des substances nutritives durant des années et, sans engrais, il n'était plus capable de produire autant qu'avant. Les rendements des cultures agricoles ont chuté jusqu'à 60% durant la période 1989 – 1998. Tant que le pays ne pourra pas accéder de nouveau au pétrole et aux engrais, sa population déclinera jusqu'à atteindre son niveau d'équilibre viable.

Agrandir l'imageLe graphique ci-contre montre l'utilisation d'engrais en Extrême-Orient de 1961 à 2001.
La chute soudaine et massive de l'utilisation des engrais azotés en Corée du Nord au milieu des années 90 est clairement illustrée ici. Une telle chute a manifestement affecté la production de nourriture.
(Source: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture)

Le chauffage des serres l'hiver

Si vous avez consommé des tomates entre les mois de novembre et mai, c'est qu'elles ont été cultivées hors-sol dans des serres chauffées avec du pétrole ou du gaz. Imaginez, il faut environ 1 litre de pétrole pour produire 1 kg de salade en hiver !

Vous avez certainement entendu des gens se plaindre qu'il n'y a plus de saisons, c'est vrai du fait des changements climatiques, mais surtout vrai du fait qu'on mange n'importe quoi toute l'année. Le choix alimentaire n'a jamais été aussi important qu'aujourd'hui. Cette grande variété, ou plutôt cette homogénéisation des aliments, a un prix : la dépendance vis-à-vis du pétrole ou du gaz.

Je ne vous parlerai que d'un seul exemple. Les Hollandais possèdent de grandes réserves de gaz, ils en disposent donc pour chauffer des serres immenses et à des prix très concurrentiels. Résultat, les légumes hollandais inondent les étales européennes et font même concurrence aux tomates espagnoles, qui disposent de plus de soleil !

A l'avenir, les serres devront être très isolées et chauffées avec la géothermie, sur le modèle islandais. Mais l'essentiel sera de réapprendre à manger avec les saisons.

La pêche

La pêche courageuse à bord de bateaux à voile fait partie de l'histoire. Aujourd'hui plus aucun marin des pays modernes ne prend la mer avec la force du vent. Ils utilisent tous du gazole ou de l'essence détaxée pour nous pêcher bars, dorades et autres langoustines. Cependant, tous les bateaux de pêche ne sont pas aussi dépendants du pétrole. Un fileyeur consomme jusqu'à quatre fois moins de gazole qu'un chalutier hauturier. Il se contente de se déplacer d'un lieu de pêche à un autre pour y poser ses pièges que sont les filets de fond. Le chalutier, lui, doit dépenser une énergie considérable pour labourer sable et vases avec son train de pêche. Et même parmi les chalutiers, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne : les côtiers s'en tirent mieux avec une langoustine fraîche plus correctement vendue que la lotte du large.

Avec des frais de carburant durablement trop élevés par rapport à ce que propose la criée, le chalut n'est-il pas un outil condamné ? Cette question soulève un sérieux problème car elle concerne 70% de la pêche française.

L'hydrogène pourrait-il venir en aide aux chalutiers ? Rien n'est impossible, mais il faudra se rendre à l'évidence d'une chose, le prix du poisson risque d'augmenter en ville et dans les zones éloignées de la mer.

La Chimie

La majeure partie du pétrole brut est raffiné en carburants et brûlée, mais une petite part sert de substrat pour alimenter des usines pétrochimiques. Là, elle est transformée en plastiques, engrais, herbicides, produits pharmaceutiques, teintures, détergents et fibres sur lesquels repose la qualité de vie moderne.

Matières plastiques

La plupart des gens oublient souvent que les matières plastiques sont dérivées du pétrole. Un rapide coup d'œil dans n'importe quelle pièce nous montre à quel points ils sont envahissants.

Ciment, goudron et matériaux divers

Les résidus du pétrole sont des matériaux de base des routes, s'ils venaient à disparaître, comment ferions-nous pour entretenir nos routes défoncées continuellement par le flot de camions et d'automobiles ?


Vous remarquez donc que cette liste non exhaustive nous alarme sur la réalité du problème. Si l'automobile ne représente qu'un faible pourcentage de la consommation de pétrole, elle sera probablement la première touchée lorsqu'il faudra garantir l'alimentation des activités majeures (Industries, Agriculture et chauffage, transport en commun)

Mais nous voyons également qu'il va falloir intensifier le recyclage et trouver des solutions de remplacement très, très rapidement


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