22/05/2007
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SsangYong Actyon A200 XDi 4WD - tout terrain Se démarquer au niveau esthétique
La journée est née dans le soleil éclatant. Je procède à une visite des dessous de la belle, histoire de mieux me rendre compte à qui je m'adresse. Il ne me vient jamais à l'idée de confier aveuglément ma carcasse à une inconnue sans savoir ce dont elle est capable. Ses allures de SUV cachent un vrai 4x4 avec un robuste châssis en échelle, un pont arrière rigide, une suspension avant à roues indépendantes et une boîte de transfert dotée d'un réducteur. Une ombre au tableau : la protection intégrale —en plastique— du moteur et de la transmission et la traverse culminent à moins de vingt centimètres du tarmac. Voilà de quoi freiner des escapades hors des chemins répertoriés sur les cartes routières. Toutefois, l'absence de pare-chocs peints plaira aux usagers citadins adeptes de parcages en créneau.
Le sésame à télécommande libère l'accès à bord tant pour le conducteur que pour les passagers. Les portes sont grandes et massives, confirmant la robustesse pressentie sous les jupes de la belle. Sans documentation ni mode d'emploi, une lacune de l'importateur, l'ouverture du coffre se révèle déroutante. L'usage de la clé est nécessaire ! L'emblème de la marque, que l'on ne peut manquer vu sa taille attire bien mon attention. Il fallait juste attendre deux secondes que la commande électrique déverrouille le pêne… à savoir ! La place pour les passagers et le conducteur est agréable et généreuse. Par contre, le coffre déçoit : lourdeur du hayon, seuil de chargement incroyablement haut (juste moins d'un mètre) et volume restreint en interdisent l'accès autonome à tout compagnon à quatre pattes.
Soit c'est un Montagne des Pyrénées et il se fracasse la tête dans la lunette. Soit c'est un chihuahua et il reste béat devant ce mur de métal… SsangYong envisage d'utiliser le volume entre l'essieu arrière et le pare-chocs pour loger un compresseur électrique et du matériel de réparation de pneu. La roue de rechange libérerait ainsi son écrin pour augmenter la capacité utilisable du coffre. La modularité intérieure est bonne, simple et efficace pour les humains. Toutefois, des vacances lointaines en famille nécessiteront une sérieuse remise en question quant aux bagages à embarquer. Il y a fort à parier que ce véhicule séduira une quinquagénaire fatiguée de la routine, un célibataire soucieux de s'affirmer et aussi le jeune couple sans enfant désireux de se démarquer. Les heureux parents de bambins partageront volontiers avec leur progéniture les joies de la caravane sagement attelée. Attention cependant au faible porte-à-faux qui exigera des qualités de pilotage exceptionnelles. Dans ces deux cas, l'Actyon remplira son contrat de coupé SUV !
Prendre place à bord de la coréenne permet de se rendre compte immédiatement des progrès réalisés par rapport aux prototypes automobiles importés depuis cette lointaine contrée. Très bien fini avec des matériaux simples, mais garants d'une bonne longévité, des assemblages qui n'ont plus rien à apprendre de certaines réalisations allemandes, un confort que bien des berlines actuelles pourraient envier et une ergonomie tout en rondeur caractérisent ce SUV. L'équipement est plus que complet, avec en prime, sur le modèle essayé, l'intérieur cuir, l'air conditionné de série, l'ESP (contrôle de stabilité), le HDC (contrôle de vitesse en descente). Les options au catalogue sont moins pléthoriques que chez nos voisins germaniques. Cependant, elles vont à l'essentiel et permettent d'agrémenter le plaisir de posséder un véhicule unique par son look de quelques « add-ons » agréables, comme le toit ouvrant… Les accessoires multimédias seraient commandés ailleurs et transférables dans une autre voiture, si cela vous chante.
Le tour des commandes vitales réalisé, le brûleur à mazout s'ébroue. Le diesel de la maison SsangYong dévoile ses atours dans un ronronnement mesuré au sein de l'habitacle correctement insonorisé. Conscient d'être à bord d'un 4x4, c'est en douceur que le démarrage s'effectue, afin de prendre la mesure de la bête et d'éviter un tant soit peu que l'essai ne se termine prématurément au sortir du parking. Après les quelques kilomètres nécessaires à la bonne prise en main de tout engin de ce type, le gabarit imposant à première vue ne pose plus de problème, la visibilité arrière et trois quarts mise à part.
Tout se passe en douceur. Inutile de forcer ses gestes ou de brutaliser les commandes, ce véhicule invite à la conduite calme en anticipant la route. La position surélevée contribue à voir loin. Le moteur est volontaire une fois le régime de couple maximum atteint (310Nm à 1800t/min) et les 136ch maxi emmènent sans tracas les dix-huit quintaux (hors contenu) là où le conducteur voudra. Pas mal pour un deux litres turbo diesel. L'étagement de la boîte de vitesse manuelle laisse une bonne impression de douceur, à condition de ne rien forcer. Les rapports sont correctement étagés au vu des spécificités du moteur. Seule la troisième est trop longue. Le couple moteur pourrait se montrer un peu plus présent en bas afin d'éviter les cirages inutiles de l'embrayage lors des démarrages en côte.
Le confort intérieur et la position de conduite agréable ne doivent pas faire oublier que l'on a affaire à un véhicule lourd, au centre de gravité élevé. Les enchaînements rapides vous le rappellent avec un roulis prononcé que le tarage souple des suspensions n'arrive pas à endiguer. Cela d'autant plus que le couple essieu rigide à l'arrière et suspensions indépendantes à l'avant n'est pas toujours en parfait accord. Les embryons de scène de ménage sont d'ailleurs aisément contenus par le conseiller conjugal tranquillement installé derrière le volant.
La version proposée est dotée d'une transmission 4x4 (4x2 aussi disponible). C'est avec joie que l'opportunité de sortir des sentiers battus se doit d'être saisie. Le commutateur électrique de passage en 4x4 (crabot, sans différentiel central) et en gamme courte est à l'image du véhicule : tranquille ! Ne brusquons pas la commande en quatre roues motrices. Prenons le temps de nous rouler une cibiche pour la gamme courte. Ce sera rebelote pour revenir en mode normal 4x2. Dans les cas où vous seriez pressés, sachez que la motricité en 4X2 additionnée du couple moteur, d'un peu d'inertie et de technique pour vous aventurer sur des terrains à adhérence réduite est largement suffisante. Les chemins caillouteux sont digérés sans difficulté, avec plaisir.
Seule la trépidation des suspensions se montre gênante. Elle est due au pont rigide. La conduite est simple pour autant que le rythme adopté soit tranquille, pour le moins coulée. Une attention soutenue est requise quand vous augmentez la cadence de votre balade. La direction très assistée ne donne aucun renseignement de l'état de la route. Le cocktail des suspensions souples et de l'inertie pourrait vous mettre dans une situation que même l'ESP ne peut corriger. Ces fameuses lois de la physique ! Le pompage de la suspension avant en terrain dégradé nivellera le sol et les taupinières à la hauteur de la garde au sol …ou de la résistance du plastique.
Les autres lois m'ont seulement autorisé, en toute illégalité, à pratiquer quelques piètres petites figures de tout-terrain sur des chemins de forêts. La gamme courte est correctement réduite et la souplesse des suspensions et des pneumatiques fait ici merveille. L'essieu arrière rigide se déhanche de manière honorable. La configuration indépendante du train avant laisse un débattement limité. La taille haute des pneus d'été d'origine préserve les jantes et permet, selon la nature du terrain, de dégonfler un peu afin d'accroître la surface portante. L'arrivée du couple moteur est brutale. Sur sol meuble, il convient d'en être conscient pour ne pas s'enterrer sur un coup de gaz malheureux. Le gabarit de l'engin est imposant. Le diamètre de braquage aussi, augmenté par l'absence de différentiel central en mode 4x4. Cela aura tendance à faire tirer tout droit dans les virages.
Les angles d'attaque et de fuite sont favorables. Toutefois, la garde au sol et l'angle ventral sont terriblement pénalisants d'autant plus que les protections d'origine couvrent presque la moitié du dessous de l'auto. Elles ne résisteront pas longtemps aux chocs d'un passage musclé. Elles permettront, le cas échéant, de glisser sans heurt dans la neige ou la boue profonde, tranquillement accroché au câble d'un treuil ou à la sangle d'un camarade quatre-quatreux solidaire : dommage ! Quel conducteur de ce genre de véhicule pratique encore aujourd'hui du vrai tout-terrain en complément du tout trottoir frimeur quotidien ?
Le professionnalisme des utilisateurs s'envole aussi vite que le prix des carburants. SsangYong a équipé son modèle de quelques aides à la conduite. L'ABS, de série, l'ESP et l'aide à la descente HDC faisaient partie de la dot de la belle testée. L'ABS est souverain et se montre discret en franchissement, là où les allures sont, rappelons-le, très lentes. Parfois, il peut être intéressant de bloquer. Par exemple, afin de créer un bourrelet de terre ou de neige devant la roue, ce qui permet d'éviter la rangée d'arbres serrés qui surgissent inopinément à deux kilomètres à l'heure ! L'ESP est efficace bien qu'intervenant un peu tard. Pour ceux que le pilotage n'effraye pas, il est déconnectable.
En mode propulsion, on a le sentiment de gagner quelques chevaux-vapeur. Quant au HDC, son efficacité est réelle quoique l'intervention soit tardive. En deux roues motrices, dans une descente en marche avant sur sol à faible adhérence, le frein moteur arrive à faire riper les roues arrière délestées avant que le système n'entre en action. En marche arrière, ce n'est pas le cas. Aucune sécurité n'est prévue pour le conducteur distrait qui aurait actionné le HDC à 20km/h et passé le deuxième ou le troisième rapport long : le HDC s'enclenche et ralentit correctement le véhicule jusqu'à environ 8km/h. Cette situation risque de caler le moteur. Sans moteur, plus d'ABS, plus de motricité ! Oups... en hiver sur une descente verglacée, c'est l'embardée !
Les qualités de l'Actyon sont réelles pour celles et ceux qui, responsables, prennent le temps de les découvrir et de se faire plaisir au-delà des défauts cités. Ce véhicule remplit sa tâche à satisfaction avec en prime l'intérêt de franchement se démarquer au niveau esthétique. SsangYong nous livre ici un coupé SUV avec quelques attributs intéressants de véritable tout-terrain qui permettront à son possesseur de disposer d'un engin atypique pour l'emmener là où il le désire à un coût mesuré, tant à l'achat qu'à l'entretien. Une condition sine qua non s'impose : le conducteur sait ce qu'il conduit...
Type : SUV Coupé
Prix d'achat du modèle testé : 23.995 €
Puissance maxi à 4.000 tr/min
Couple maxi : 310 Nm à 1.800 tr/min
Poids : 1.856 kg
Puissance/Poids : 53,88 kW/t
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